Les affiches de Grenoble et du Dauphiné

« Un spectacle tout-terrain »

Quoi de commun entre un petit garçon plein d’énergie et son arrière-grand-mère, convalescente suite à une fracture de la hanche ? Avec une sensibilité et un certain humour, « Allez, Ollie… à l’eau ! », de l’auteur britannique Mike Kenny, aborde la question de la transmission intergénérationnelle et nous parle de courage, celui d’affronter l’inconnu. Un spectacle à partager en famille, que nous présente la metteure en scène Odile Grosset-Grange.

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : C’est la troisième fois que vous travaillez sur des pièces de Mike Kenny. Qu’est-ce qui vous séduit dans son écriture ?

> Odile Grosset-Grange : Pour la première, La nuit électrique, j’étais assistante à la mise en scène. La deuxième, Un rêve féroce, je l’ai jouée. Et la troisième, Allez, Ollie… À l’eau !, je l’ai mise en scène. C’était aussi ma première mise en scène, et donc un peu un saut dans l’inconnu pour moi. C’est pour cela que j’ai eu envie de travailler sur quelque chose que je maîtrisais bien. J’avais déjà rencontré Mike Kenny et sa traductrice Séverine Magois, qui sont des gens charmants, avec qui on peut dialoguer, poser des questions.

Après, ce que j’aime dans l’écriture de Mike Kenny, c’est qu’il raconte très bien des histoires. Ses pièces m’émeuvent beaucoup. Je me souviens que la première fois que j’ai vu une de ses pièces, Le jardinier, j’ai pleuré. Et c’est très rare que je pleure au théâtre !

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : Y a-t-il des points communs entre les différentes pièces de Mike Kenny ?

> Odile Grosset-Grange : L’écriture me touche beaucoup, ainsi que la façon dont cet auteur parle du rapport intergénérationnel. Dans Le jardinier, c’est un grand-père et son petit-fils qui se rencontrent autour du jardinage, alors que dans Allez, Ollie… À l’eau !c’est une arrière-grand-mère et son arrière-petit-fils qui se rencontrent autour de la natation. Il y a donc beaucoup de points communs. Il arrive à suggérer des choses avec beaucoup de finesse. Je trouve son écriture intelligente, sensible, drôle et subtile. Je suis en train de me lancer dans la production de ma prochaine pièce et ce sera à nouveau une pièce de Mike Kenny, sur les enfants migrants : Le garçon à la valise.

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : Que raconte Allez, Ollie… À l’eau ?

> Odile Grosset-Grange: C’est l’histoire d’Oliver et de son arrière-grand-mère Mamie Olive, qui n’ont pas beaucoup de points communs et pas grand chose à se dire au début. Elle s’est cassé la hanche et elle arrive chez lui parce qu’elle ne peut plus rester chez elle. Il n’est pas content parce qu’elle l’encombre, elle ne sait pas jouer au foot et en plus, elle lui a pris sa chambre parce que c’est la seule qui est au rez-de-chaussée. Finalement, ils vont réussir à se rencontrer autour de la natation. Mamie Olive est une ancienne championne de natation, qui avait participé aux jeux Olympiques de Londres en 1948. Quant à Oliver, il a peur de l’eau. Elle va réussir à lui faire dépasser ses peurs, tout en revivant une partie de sa jeunesse.

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : En quoi les thèmes abordés dans cette pièce vous touchent-ils ?

> Odile Grosset-Grange: Il y a la rencontre, le fait d’apprendre à dépasser ses peurs, à aller au-devant des autres – Oliver est aussi nouveau dans son école. Il y a aussi la thématique de l’âge qui est forte. Oliver est furieux parce qu’il n’a rien le droit de faire : il ne peut pas traverser la route tout seul, il ne peut pas sortir, il n’a plus d’amis… Mamie Olive est furieuse parce qu’on ne croit jamais ce qu’elle raconte, elle n’arrive plus

à faire ce qu’elle faisait avant… Finalement, leurs problématiques, qui étaient complètement différentes au début, se rejoignent. Ce sont des thèmes que je trouve passionnants.

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : Quelle scénographie avez vous imaginée ?

> Odile Grosset-Grange: La particularité de la scénographie, c’est qu’elle est tout-terrain. L’idée était de pouvoir jouer dans des théâtres, mais aussi dans des gymnases, des piscines… Nous utilisons beaucoup d’éclairages à basse consommation à base de leds. C’est un espace surtout évocateur : il y a un carré blanc, des lumières au sol, un espace délimité par des poteaux et un plongeoir à roulettes, qui symbolise la piscine ou la chambre. En plus de ce plongeoir, il y a très peu d’accessoires : deux bols d’eau, un verre, une balle de ping-pong, une bille, un sac à dos avec des serviettes et des maillots de bain. Les personnages se racontent tout le temps. Il y a un côté brechtien dans la mesure où ils jouent une scène, puis reviennent à la narration. Sans arrêt, ils passent de l’un à l’autre. L’évocation fonctionne très bien.

> Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné : Pour quelle raison avez-vous souhaité créer un spectacle tout-terrain ?

> Odile Grosset-Grange: Cela permet d’emmener le théâtre dans des lieux dans lesquels il ne va pas forcément, mais aussi d’aller à la rencontre de spectateurs qui ont moins l’occasion d’aller au théâtre. L’idéal, c’est d’être en piscine. Nous posons notre décor, avec des rangées de chaises de chaque côté, dans l’espace à côté de la piscine. Cette pièce demande beaucoup d’habilité aux comédiens, parce qu’on peut la jouer en frontal, en bi-frontal, dans des espaces très différents. Il y a des minimums à respecter pour faire rentrer le décor, mais plus le lieu est étrange, plus on accepte de changer les choses. Quand les spectateurs sont dans un lieu qui leur appartient, ils ont une relation de proximité qui est beaucoup plus forte avec le spectacle.

Propos recueillis par Caroline Falque-Vert

Allez, Ollie… À l’eau !

Jeudi 9 et vendredi 10 avril, à 10!h et à

14 h 30, et mardi 14 avril, à 10!h et à 15!h

à l’Espace 600, à Grenoble. 04 76 29 42 82.

De 5 à 13 €. Dès 6 ans.