Sud Ouest

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Mardi 23 février 2021

Et puis, on a sauté de joie de se retrouver au théâtre !

LA COUPE D’OR – Après sa résidence, Odile Grosset-Grange a présenté sa création « Et puis on a sauté ! » ce lundi, à huis clos devant des professionnels. Que du bonheur. On y était

Que c’est bon, mais que c’est bon de retrouver le spectacle vivant, sur une vraie scène, avec des acteurs en chair et en os, dans un théâtre grandeur nature. C’était ce lundi, à La Coupe d’Or, pour la première du spectacle d’Odile Grosset-Grange « Et puis on a sauté ! ». Vous n’étiez pas au courant ? C’est normal, aucun regret, la représentation était réservée à des professionnels de Nouvelle-Aquitaine censés programmer la pièce.
Il n’empêche, la Compagnie de Louise, qui a achevé ses répétitions dimanche après une semaine de résidence sur place, se donnait à fond pour jouer ce projet qu’elle prépare depuis deux ans. Et tout était vrai. : la « bienvenue à La Coupe d’Or » du directeur Franck Becker et le petit mot d’introduction de la metteure en scène qui se disait « hyper motivée ». Ça y est, la vingtaine de spectateurs était dans le bain pour se laisser embarquer ans la pièce.

Jeune public
Destiné au jeune public, ce spectacle d’adresse à l’âme d’enfant qui sommeille en chacun d’entre nous. C’est l’histoire d’un frère et d’une sœur assignés dans leur chambre pour un « temps calme », vous savez le moment où les parents expédient les gosses au lit pour souffler un peu ! « Pourquoi la sieste est réservée aux enfants alors qu’il n’y a que les vieux qui aiment la faire ? », demande Elias qui s’ennuie ferme.
Trop petits pour être adultes, mais assez grands pour comprendre, Juliette et son cadet ont bien démasqué les parents. Qui veulent compter jusqu’à 3 pour poser un ultimatum et qui patientent en réalité jusqu’à 100. Qui disent que « ce qui compte le plus au monde, ce sont leurs enfants mais qui passent la plupart du temps sans nous ». Pas fous.
Alors le duo fait une liste pour forcer les parents à être là : tomber malade, se réveiller la nuit, faire la grève de la faim, faire pipi au lit et bien d’autres astuces jusqu’à sauter par la fenêtre pour finir à l’hôpital et se faire bichonner par papa, maman et leur mauvaise conscience.

Le manque et la séparation
Et ils sautent, histoire de donner une bonne leçon à leurs géniteurs ! Ils déchirent l’espace-temps et se retrouvent dans un trou, à moins que ce soir une grotte, ou un rêve, bref, une parenthèse. Dans des couleurs phosphorescentes, ils jouent, dansent au ralenti et imaginent la conversation des parents quand ils réaliseront les blessures irréparables après la chute de leur progéniture.
La discussion classique, la mère qui veut se mettre à mi-temps pour être à l’heure des mamans, préparer des gâteaux et être accompagnatrice piscine ; et le père qui fait carrière, sans avoir fait des gosses pour s’en occuper H24. Ça vous rappelle quelque chose ? Nous aussi.
Comme dans les histoires d’enfants qui commencent par « on dirait qu’on joue à l’infirmière ou à la maitresse », Juliette et Elias ferment la parenthèse et se retrouvent non pas à l’hôpital, mais… dans leur chambre avec papa et maman qui frappent à la poste. Pour réaliser que ce manque des parents (toujours trop occupés, fatigués, concentrés au choix) les fait grandir et comprendre combien on s’aime. « Un être qui va bien supporte le manque et la séparation », conclut Juliette.

Et parce que ce n’était pas la vraie vie mais un spectacle vivant loin des écrans, la belle histoire écrite par Pauline Sales se termine par des applaudissements et des bravos. Que c’est bon mais que c’est bon de retrouver le théâtre !

Kharinne Charov