Sud-Ouest-Charentes-6/11/16

Sud Ouest

Un Hymne à l’Humanité

La Rochelle : Odile Grosset-Grange met en scène « Le Garçon à la valise », un texte fort sur les enfants réfugiés

Agnès Lanoëlle
a.lanoelle@sudouest.fr

Les Rochelais qui n’auraient pas vu son précédent spectacle, « Allez, Ollie… à l’eau ! », l’an passé à La Coursive, vont pouvoir la découvrir cette semaine. Odile Grosset-Grange met en scène « Le Garçon à la valise », un texte fort sur les enfants réfugiés, écrit par l’auteur Britannique Mike Kenny.
Odile Grosset-Grange est une jeune metteuse en scène qui monte. Protégée de l’équipe de La Coursive depuis deux saisons, elle s’apprête à partir en tournée pour 70 dates un peu partout en France, désormais repérée par de nombreux directeurs de théâtre.
La jeune femme de 42 ans n’est pas une inconnue pour les Rochelais, surtout pour les habitants de Villeneuve-les-Salines. Elle y a passé toute sa scolarité et ses parents (elle est la fille d’Yves Grosset-Grange, connu pour son engagement écologiste) y vivent toujours. « L’an passé j’ai repéré mon prof de sixième dans la salle. Ça m’a fait tout bizarre », sourit-elle.
C’est au collège Fabre-d’Eglantine qu’elle a attrapé le virus. « À l’époque, le quartier était irrigué d’actions culturelles. En troisième, on est partis jouer dans plusieurs villes d’Europe. Une fois qu’on prend goût au jeu, on ne peut plus s’en passer. C’est trop fort d’être emmené comme ça. » raconte-telle avec la passion d’une débutante.
Formée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique elle vient de passer presque 20 ans à Paris. Aujourd’hui, elle revient un peu plus poser ses valises à La Rochelle. Elle y a fondé, il y a quatre ans, La Compagnie de Louise, du nom de sa fille.

Question d’humanité

Pour préparer son nouveau spectacle, Odile Grosset-Grange a été invitée en résidence à La Coursive. Et, cerise sur le gâteau, en présence de Mike Kenny himself, auteur prolifique d’une cinquantaine de pièces et traduit dans plus de vingt pays. Le coup de cœur de la metteuse en scène pour l’œuvre du Britannique remonte à quelques années.
Après une histoire de liens entre une arrière-grand-mère et son arrière-petit-fils dans « Allez, Ollie… à l’eau ! », « Le Garçon à la valise » raconte le parcours de deux enfants migrants, Nafi et Krysia, qui traversent le monde pour fuir la guerre et atteindre ce qu’ils croient être une Eldorado : Londres. « D’emblée, j’ai trouvé que c’était un texte magnifique, fort et émouvant. Il m’a fait rire. Il traite avec légèreté d’un texte profond et d’une réalité difficile », explique la metteuse en scène. En ces temps troublés où l’accueil des réfugiés fait polémique, « Le Garçon à la valise » résonnera donc. Mais le texte de Mike Kenny a été écrit il y a douze ans et Odile Grosset-Grange l’a choisi il y a deux ans maintenant.
« Je ne veux surtout pas passer pour une opportuniste. Bien sûr, il y est question d’enfants réfugiés. Mais je n’ai pas voulu stigmatiser une immigration, qu’elle soit d’Erythrée ou de Syrie. Le texte a une autre dimension. Il soulève une question d’humanité. Qu’est-ce qui peut sauver nos vies ? Ce sont nos histoires, nos racines, la culture ! Ces enfants vont pouvoir franchir les obstacles grâce aux histoires qu’ils vont se raconter. On ne peut pas être sauvé par un repli sur soi mais par le mélange de nos cultures. C’est la seule chose qui nous transcende », lance la jeune femme.
À ses côtés, un air mi-pirate, mi-poète, Mike Kenny porte toute la sagesse du monde. Il est venu pour transmettre une « sorte de musique » aux comédiens, explique-t-il. C’est la première fois que cette pièce là est traduite et jouée en France.
Dans les prochains jours, la Rochelaise ne cache pas qu’elle aura un peu plus le trac qu’a l’accoutumée et que, forcément, présenter son nouveau spectacle à La Rochelle aura une saveur particulière. « C’est hyper émouvant et magique d’être ici », confie-telle.
Comme l’an passé, elle devrait reconnaître des visages familiers dans la salle. Et peut-être un de ses professeurs de Fabre d’Eglantine qui lui a donné, un jour et pour toujours, le goût du théâtre.